La politique française raffole des alliances contre-nature. Au cours de la IVe République, de René Coty à Vincent Auriol, en passant par Pierre Mendès-France, les personnalités les plus en vue, quel que soit leur bord, multiplièrent les compromissions dans leur quête de pouvoir. D'où une instabilité permanente, nécessitant une révision constitutionnelle en 1958 et la naissance de la Ve République.
Pourtant, ces alliances incertaines se sont poursuivies. Tout le monde garde en mémoire le pacte entre François Mitterrand et Jacques Chirac en 1981 pour favoriser l'élection du premier au détriment de Valéry Giscard d'Estaing, puis celle entre Giscard et Mitterrand en 1988 pour faire trébucher Chirac. Des rapprochements récemment confirmés par Edith Cresson (ex-Premier ministre de Mitterrand en 1991) dans son livre de mémoires.
L'attrait du pouvoir agi comme un révélateur et les politiques du même camp se flinguent allègrement pour faire avancer leurs propres intérêts.
Vingt ans plus tard, rien n'a changé.
Le Président de la République Nicolas Sarkozy fait ainsi entrer des Socialistes au gouvernement pour éviter d'avoir à s'appuyer sur l'aile "chiraquienne" de l'UMP, tandis que l'affaire Clearstream révèle au grand jour les méthodes qu'aurait utilisé le tandem Chirac-Villepin pour nuire à Sarkozy.
A gauche, ce n'est pas beau non plus. L'ancienne candidate à la Présidentielle, Ségolène Royal, se fait détruire à la première occasion venue par Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn (les deux candidats à l'investiture PS), tandis que Claude Allègre et Lionel Jospin tirent à boulets rouges sur la "Dame en Blanc" (laquelle est aujourd'hui plus seule que jamais au sein du PS). Une guerre résultant de la volonté de la présidente de la région Poitou-Charentes de mener sa propre voie, celle d'une "femme libre" lors de la campagne face aux Français.
Objets de toutes les attaques, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal payent cher leur indépendance d'esprit face à leurs "amis". Et pour ne rien arranger, ces deux-là, dont la vie privée est étalée sur la place publique (avec leur consentement), sont aujourd'hui les deux plus grands cocus de la République !
En 2005 les déboires conjugaux de l'actuel président avaient amusé toute la France, lorsque sa femme Cécilia était allée jouer les filles de petite vertu avec un homme d'affaires. L'histoire vait duré tout un été et largement alimenté les pages "people" des magazines.
Mais l'infidèle était revenue au dernier moment (la queue entre les jambes diraient certains) pour soutenir son mari lors de la campagne présidentielle victorieuse... de prendre ses valises et de demander le divorce six mois après l'élection.
Ségolène Royal, de son côté, a dû composer avec les infidélités de son rondouillard de concubin, François Hollande. Si les deux ont aussi préservé les apparences durant la campagne (la candidate évoquant même un possible mariage à Tahiti !), le couple a volé en éclats au lendemain du deuxième tour.
Les deux ex-candidats sont désormais cocus et célibataires. Quelle solution pour redonner de l'allant à la République ?
Une seule : marions-les !
Sarkozy et Royal pourraient devenir nos Clinton (Etats Unis) ou nos Kirchner (Argentine) à nous
Après tout, cette union semblable au mariage de la "carpe et du lapin", ne serait pas la première alliance contre-nature au sein de la politique française..!